Prise de parole de la présidente de l’Ardhis durant la marche des Fiertés
Dans plus de 70 pays dans le monde, les relations homosexuelles sont pénalisées. Dans un nombre encore plus grand de pays, les personnes LGBTQI+ risquent leur vie pour qui elles sont, pour qui elles aiment.
Certaines d’entre elles viennent demander l’asile en France et en Europe. Elles le font souvent au péril de leur vie sur les chemins de l’exil et au prix de violences indescriptibles. Beaucoup d’entre elles trouvent la mort dans le passage par la Méditerranée, quand elles ne sont pas renvoyées vers la Libye ou d’autres pays où elles sont exploitées, torturées, en vertu d’accords cyniques et déshonorants entre l’Union européenne et les pays à ses portes.
Quand elles arrivent en France et en Europe, que trouvent-elles ? Elles se heurtent à un accueil défaillant de la part de l’Etat : elles doivent trouver un hébergement par leur propre moyen, souvent en faisant appel à la solidarité de leur communauté nationale et doivent continuer à cacher leur orientation sexuelle ou expression de genre, elles sont privées du droit de travailler et de subvenir à leurs besoins, et doivent survivre avec une allocation inférieure au RSA, quand elles ne sont tout simplement pas privées de cette allocation. Elles se voient souvent obligées d’introduire leur demande d’asile dans un pays européen où elles ne parlent pas la langue, où le droit d’asile des personnes LGBTI+ n’est pas respecté. Dans le pire des cas, elles doivent faire leur demande d’asile en rétention, où elles peuvent rester enfermées jusqu’à trois mois et où elles souffrent de l’enfermement, de la promiscuité, d’agressions LGBTIphobes.
L’accueil des personnes fuyant la guerre en Ukraine a montré que ce n’était pas une fatalité, mais bien le résultat de politiques qui peuvent être combattues, infléchies, avec le soutien de nous tous et toutes et la manifestation, l’expression de notre solidarité.
Aujourd’hui nous défilons pour défendre les droits des personnes LGBTI. Rappelons-nous que nous défilons aussi pour les droits des personnes tuées sur les chemins de l’exil, pour les droits des personnes enfermées et privées de liberté au seul motif qu’elles sont étrangères, pour le droit d’asile pour toutes les personnes persécutées et pour le droit de toutes et tous à vivre dignement quelle que soit sa situation administrative.
Avant de laisser la parole, je voudrais exprimer notre soutien à un jeune demandeur d’asile qui a été agressé à Nantes il y quelques jours à l’issue de la marche des fiertés. Ici comme ailleurs nous devons combattre les violences racistes et LGTBIphobes.