Vrai ou faux ? (17/18)
L’expérience de l’Ardhis en centre de rétention administrative (CRA), où l’usage de la visio pour les entretiens avec l’Ofpra est fréquent, démontre que ce moyen est inadapté à la demande d’asile au motif de l’orientation sexuelle et ne mène qu’à des décisions de rejet.
Cet usage devrait être banni à l’Ofpra comme à la CNDA. Dans un cadre professionnel, les participant·e·s à une visioconférence partagent un référentiel commun, mais un entretien à l’Ofpra ou une audience à la CNDA réunit des personnes qui ne partagent pas ce référentiel commun, en particulier quant à la communication verbale. Le mode distanciel rend incontestablement encore plus difficile la compréhension des demandeur·se·s d’asile par les officier·e·s de protection et celles des requérant·e·s par les juges. Il est encore plus difficile de s’exprimer sur son vécu intime ou sur des violences et des humiliations subies à travers un dispositif technique de visio, aussi performant soit-il. Enfin, l’expression des émotions par les demandeur·se·s d’asile et requérant·e·s, souvent décisive en ce qu’elle convainc plus que de longs récits de faits, est impossible en distanciel.
L’Ardhis recommande l’exclusion de la visioconférence lors des entretiens à l’Ofpra ou des audiences à la CNDA.
RESSOURCES
« Le droit d’asile en rétention. L’analyse d’une chimère », Science Po / La Cimade, juin 2018.
« Centres et locaux de rétention administrative », Groupe SOS, Forum Réfugiés, France Terre d’asile, La Cimade, Solidarité Mayotte, avril 2024.
« La preuve dans les demandes d’asile en raison de l’orientation sexuelle : rapport de recherche », Défenseur des droits, avril 2020.